Le soleil était sur le point de se coucher. Ses derniers rayons éclatants rendaient les nuages roses et le ciel de diverses couleurs chaudes. La lumière parcourait les montagnes, quittant lentement ce monde pour faire place à la nuit, tel l'éternel combat entre la lumière et les ténèbres, le jour et la nuit, le crépuscule et l'aube. Les derniers oiseaux voltigeant dans le ciel se préparaient pour aller dormir, comme la plupart des animaux diurnes, pour laisser la place aux animaux qui veilleront durant la nuit, les nocturnes. Mais ce n'était pas seulement que les animaux, mais aussi certaines races humanoïdes. Bien évidemment, il y avait les humains, les anges, et autres êtres diurnes; aussi pour les créatures nocturnes, telles les ombres, les esprits, les démons. Et même pour l'Ange de la Mort...
Comme d'habitude, il s'occupait des morts, prêt à se faire peser sur la balance de leur jugement. Et à chaque fois c'est toujours pareil: réveiller le/la mort/e, convaincre le/la mort/e qu'il/elle est mort/e ― s'il y a lieu ―, convaincre le/la mort/e qu'il faut y aller pour son jugement (parce que, eh oui, la plupart restent dans le cimetière en attendant leur âme sœur, s'il/elle n'est pas encore mort/e), les amener au ciel pour leur jugement jusqu'à ce que décision s'en suive. C'est-à-dire: devenir un ange, se réincarner, et sûrement d'autres options qu'Alekhsis ignorait.
Cette nuit ne lui fut pas particulièrement difficile. La majorité des morts n'ont pas eut à se débattre plus qu'il le fallait pour soit argumenter selon l'âge, le sexe ― bien sûr parce qu'il y avait plusieurs femmes mortes qui étaient misandres… vraiment agaçantes celles-là, s'entend ―, la classe sociale ― passants des snobs jusqu'aux délabrés des forêts et des villages (mêmes les fous du villages, des prostitués et des gigolos! ―, et ainsi de suite… Alekhsis commençait à en avoir sa claque des chialeries de monsieur-madame-tout-le-monde!
L'ange de la mort s'assit par terre, adossé contre une tombe d'où le propriétaire était sur la place du jugement. Comme il était, Alekhsis avait l'air d'un être humain normal ― sa faux dans ses poches (sous forme de bille, s'entend), ses ailes disparues.